La nature et la ville vers de nouvelles coopérations

Une transition écologique pragmatique fondée sur la transformation progressive du système urbain.

 

La nature est aujourd’hui au cœur des préoccupations des citoyens comme des politiques dans la plupart de nos villes. Les villes, en première ligne des conséquences du dérèglement climatique, réfléchissent à 2050 et aux 50°C annoncés par le GIEC. Elles s’organisent en multipliant les initiatives, cartographies des îlots et circuits de fraîcheur, végétalisations massives de lieux historiques denses comme la Presqu’île à Lyon…

 

Forêts, canopées urbaines ne sont pas des effets d’annonce mais des tendances de fond qui préfigurent d’un changement de regard. Elles ont certes pour ambition immédiate d’offrir des îlots de fraîcheur aujourd’hui indispensables, mais aussi et surtout de traiter, sur le plus long terme, la cause des canicules urbaines.

Mais derrière l’idée que toutes ces initiatives ont pour but de préparer nos villes à mieux « encaisser les effets des dérèglements climatiques », se cache en réalité une forte interrogation sur le devenir d’un système urbain essentiellement fondé sur la technique.

Cette acceptation nouvelle que la nature pourrait avoir des fonctions techniques, préfigure l’émergence d’une infrastructure verte des villes, réellement contributive d’un nouveau fonctionnement, autonome et résilient. Cette idée vertueuse et pleine de bon sens donne l’apparence d’une grande facilité, car il s’agit, pour l’essentiel, de planter des arbres.

Si le terme d’infrastructure est commun, de nombreuses différences existent entre cette infrastructure verte naturelle, vivante, autonome, évolutive et les infrastructures grises, inertes, dédiées en général à un usage ou un service unique. La plus significative d’entre elles, vient de la grande variété des Services Fournis par la Nature (SFN) qui lui donne un caractère multi-serviciel inédit, qui complexifie grandement sa conception et les principes de son insertion dans nos contextes urbains.  (65 SFN utiles à la ville selon le programme de recherche européen Nature 4 Cities).

 

Lier dans des politiques communes, la gestion vertueuse de l’eau pluviale par infiltration, à celles des espaces verts, de la lutte contre la chaleur, la pollution… donne un sens concret à la nouvelle infrastructure verte des villes. La mise en action progressive des principaux Services Fondées sur la Nature (SFN), constitutifs du nouveau système urbain, n’est pas de la seule responsabilité des pouvoirs publics mais de l’ensemble de la ville, de ses acteurs économiques, de sa population qui seront associés à sa co-construction. C’est là que se situe la vraie transition écologique des villes.

 

Le système urbain du 20è siècle est bâti autour des infrastructures grises et de la voiture individuelle, celui du 21è, le sera autour de la nature, des mobilités bas carbones et de nouvelles coopérations. La transition de l’un à l’autre a déjà commencé. Il ne s’agit plus de mieux équiper la ville par la nature mais de changer son fonctionnement structurel grâce à la nature pour rendre à nouveau les territoires accueillants pour la vie humaine et de façon durable. 

 

Pour cela, il faut considérer la nature comme une ressource intelligente préalable, économe, capable de doter nos villes d’un véritable système immunitaire qui les rendra résilientes de façon autonome. La vraie transition écologique des villes ne consiste pas à mieux « opérer » le système existant, mais à remettre en cause, de façon progressive mais résolue, le système dominant, en se donnant du temps pour le faire. La transformation de la voiture, grâce à l’intelligence artificielle, va être un déclencheur extraordinaire pour entreprendre, de façon douce, la mutation écologique des villes.

5 à 10 ans ! C’est demain. Le temps nécessaire pour réfléchir, modéliser en projets concrets ces concepts, préparer les politiques urbaines, convaincre… et surtout, ne pas manquer l’occasion unique de « rendre la ville au paysage ». Le recours à la nature comme infrastructure va également nous permettre d’avoir accès à des financements nouveaux liés au mécénat des entreprises grâce notamment à l’apparition de fonds de dotation et à la RSE des entreprises qui devient territoriale …

 

La profession des paysagistes concepteurs est spécifiquement formée à la question du vivant et de la ville. Elle se mobilise, avec l’ensemble de la filière française du végétal, autour de notre fonds de dotation « Intelligence Nature » pour accompagner ce changement de regard indispensable sur la nature et son intelligence.

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